Avant-propos :

L’article sous rubrique est rédigé par un propriétaire de chats, en réaction à l’article « Tierärzte in Not » paru dans l’hebdomadaire « REVUE den Magazin fir Lëtzeburg » no 29/23 du 19.07.2023 et le Luxemburger Wort vom 22.07.2023 et reflète la vue d’un détenteur d’animaux.

Mon témoignage:

Ma chatte Eyra est morte le 04 août 2022 et aujourd’hui – après maintes démarches officielles et inofficielles, et la lecture des articles parus dans le magazine REVUE et le Luxemburger Wort – j’ai décidé de partager son histoire (et la mienne) avec chacun qui veuille se prendre le temps de la lire.

Ce qui suivra, reflète donc l’histoire des dernières semaines d’Eyra, âgée de 11 ans au moment des faits/du décès.

Depuis plus de 10 ans j’ai fréquenté, avec mes 4 chats, une institution vétérinaire sise dans l’est du pays et qui (et ceci mérite d’être soulevé), en date d’aujourd’hui, ne possède plus son statut de « clinique vétérinaire », mais qui mentionnait encore ce statut sur l’ensemble de ses dispositifs (factures, site internet etc.) au moment des faits. Le client pouvait dès lors naturellement penser que ledit établissement fonctionnait comme clinique vétérinaire.

Malheureusement le maintien de ladite mention n’allait pas de pair avec la contrepartie y relative, à savoir à bénéficier de soins prodigués en bonne et due forme, accompagnés des explications et recherches nécessaires et par conséquent tout simplement à la hauteur d’un tel établissement.

Du fait que l’état de santé de mes chats ne soulevait aucune particularité, je n’étais visiteur que pour les interventions habituelles (allant du vaccin jusqu’au détartrage voire autres petites interventions pour l’un ou pour l’autre de mes animaux).

Malheureusement depuis ces dernières années, je constatais dans cette institution un mal-être croissant (l’absence quasi-permanente du propriétaire de la clinique, le manque d’amabilité et de service, l’impossibilité d’avoir des rendez-vous en l’urgence, une froideur dans les relations depuis l’accueil allant de la « non prise en charge » jusqu’aux vétérinaires pratiquants, et la non-volonté de proposer des solutions en cas d’urgence, le tout corroboré à un goût accru pour « le fric »…), bref la robotisation avait clairement pris le dessus sur l’amour de l’animal et la volonté d’un service qualitatif élevé.

Quelques-uns des vétérinaires traitants me semblaient au bord du burn-out individuel, phénomène qui se manifeste souvent lorsqu’une organisation se trouve en voie d’un burn-out institutionnel. Les deux sont souvent liés et interdépendants surtout si le burnout ne se limite pas à un seul individu.

Aujourd’hui je déplore de ne pas avoir réagi plus tôt car mon intuition s’avérait juste.

Au courant du mois de juin 2022, je constatais chez Eyra – petite chatte svelte – entre ses épaules, un gonflement de type « balle de ping-pong », qui avait fait son apparition en seulement deux jours !

RV clinique vétérinaire pour 2 jours après – 40 km d’aller, 40 km de retour … et 1re déclaration :

« Ce n’est pas possible que cela ait fait irruption en deux jours », « des tumeurs de cette taille se développent sur une durée plus longue » … Le tout s’est poursuivi de radios sans grands commentaires, biopsie sans grands commentaires à part que le liquide ne présentait pas une couleur anormale … et conclusion : « administrer de la cortisone pour 2 semaines et après on va voir ».

2 semaines après, rebelote, car rien n’avait changé – au contraire – dans les radios on constatait que cette masse avait encore grandi !

Affirmation : « c’est quand-même atypique pour un fibrosarcome » (la 1re fois que j’entendais ce terme). On pourrait faire une échographie ! Et le rdv fixé, dans 10 ! jours, « car on n’a pas le personnel » pour le faire avant.

Cette phrase « on n’a pas le personnel, on est en manque de personnel » j’allais encore l’entendre en « lavage de cerveau » les semaines suivantes.

Toujours pas de diagnostic clair de la part des vétérinaires.

Sur ma question si on pouvait opérer ? : la réponse du vétérinaire chirurgien fuit la suivante : « Je n’aimerais plus opérer – car la cicatrisation durerait très longtemps et en plus ce sont des tumeurs qui reviennent de manière rapide »

Quelques jours plus tard, mon chat commençait à boiter en trainant ses pattes arrière.

Après avoir supplié de vive voix encore une fois, j’ai eu l’échographie – 2 jours après.

Et une proposition de mon vétérinaire de faire un labo en interne chez eux, pour voir si c’était cancéreux. On était à peu près la dernière semaine de juillet 2022 !

La réponse 2 jours plus tard : « c’est cancéreux ! » Mais malheureusement toujours pas de diagnostic clair et précis.

Jusqu’aujourd’hui ne n’ai pas eu de résultats écrits / rapports du laboratoire de cette clinique. Mais vous pouvez vous imaginer que j’ai bien payé l’examen en question.

Lorsqu’on ne voulait pas me prendre aux urgences un soir que mon chat ne savait plus évacuer l’urine et que finalement un vétérinaire (d’origine asiatique et qui parlait un français très rudimentaire) m’a accueilli en clinique à 23.00, ce dernier a refait une radio pour constater que la masse de la tumeur n’avait pas grandie, tout en me faisant la promesse de parler avec mon vétérinaire (qui connait tous mes chats depuis 2007) afin que ce dernier me contacte par téléphone le lendemain.

L’on s’en voudrait de ne pas signaler ici que j’attends toujours ce coup de fil …

Sans attendre et avec une grande colère dans le ventre, je prenais rendez-vous dans une (vraie) clinique à l’étranger bien évidemment sans oublier de demander la transmission du dossier de l’animal en question vers cette clinique – ce qui a été fait. Le rendez-vous demandé à l’étranger je l’ai eu au courant de la même journée !

Et pour la 1re fois, le diagnostic était clair et fait par 3 ! vétérinaires en 30 minutes – à savoir par le vétérinaire de service, le chirurgien et le spécialiste en imagerie ! (Si on se nomme clinique vétérinaire, ces effectifs sont de mise, non ?)

« Fibrosarcome ! »

Toutes les explications techniques à partir des radios étaient fournies y inclus pourquoi le diagnostic était sans équivoque (et où exactement le fibrosarcome était localisé, ceci sur un tout petit emplacement de la colonne vertébrale au niveau des cervicales)

À ceci s’ajoute qu’il aurait fallu amputer l’épaule, et sans grande chance de guérison.

Le conseil donné des vétérinaires présents : « Prenez votre chat, aussi longtemps qu’il mange et boit, donnez-lui ce qu’il aime, lavez-le à gant humide, car il ne sait plus le faire – et faites attention si les poumons commencent à siffler, … c’est le moment de l’aider. Il lui reste quelques jours ! »

Entendre un tel diagnostic – chaque détenteur qui aime son animal peut le comprendre – est néfaste !

Quelques jours après, la fin approcha et mon seul désir était qu’Eyra puisse s’endormir là où elle avait vécu et non refaire 40 km ! pour mourir.

Je demandais alors de l’aide à ma clinique avec la réponse robotique : « comme nous sommes en pénurie de vétérinaires, nous ne pouvons pas nous déplacer » – et à nouveau, j’ai dû insister pour avoir une solution – le nom d’un vétérinaire qui faisait les visites à domicile. J’estime que dans de telles circonstances et ayant été cliente depuis de nombreuses années (et même en l’absence), il incombe à un professionnel d’aider là où il peut. Ceci devrait être une conviction et tout simplement naturel.

Ce vétérinaire fut mon bonheur dans le malheur, mais – avec 1 autre message détresse à savoir :

Reconfirmation de l’existence d’un fibrosarcome et …. après consultation du carnet de vaccin de mon chat encore vivant – le message suivant :

« Les fibrosarcomes peuvent surgir après des vaccins répétés p.ex. contre la leucose, qui s’administraient longtemps entre les épaules – depuis quelques années, le vaccin étant administré dans la cuisse, non parce que cela prévient des fibrosarcomes, mais qu’une amputation au niveau de la cuisse est faisable !! »

L’on s’en voudrait de ne pas signaler qu’après la mort d’Eyra, j’ai eu la confirmation de ce qui est dit ci-dessus (en partie par écrit) chez plusieurs institutions vétérinaires.

Certains vétérinaires ont même affirmé qu’ils expliquent les avantages et les risques pour chaque intervention qu’ils font, même minime, car c’est de leur responsabilité – avant de conseiller dans une direction ou une autre – de dessiner toutes les possibilités avant la prise de décision, qui elle incombe bien évidemment seule au propriétaire.

Certains déconseillent même une vaccination tous les ans et proposent de l’étaler sur 2 ans et plus !

Et certains disent clairement qu’ils ne vaccinent pas leurs propres chats !

J’ai dès lors réalisé que pendant des années, il n’y avait pas eu d’explications et j’ai compris également pourquoi il n’y avait jamais eu de diagnostic clair pour le fibrosarcome dans ledit établissement, car poser finalement un tel diagnostic, aurait-il éventuellement remis en cause le traitement des années précédentes et la prise en charge des dernières semaines ?

Pour conclure:

1. Mon message à tous les détenteurs d’animaux :

« Tous les métiers – et les métiers traitant avec des êtres vivants encore plus – ont un devoir de renseignement d’information et de conseil !! » C’est ancré dans la loi.

  • Revendiquez qu’on se prenne le temps de vous informer, de vous renseigner et de vous conseiller !
  • Revendiquez l’amont et l’aval, les risques et périls de traitements qu’on veut administrer à votre animal et prenez-vous le temps de réfléchir, de vous renseigner d’avantage si vous le jugez utile, de soumettre à vos vétérinaires des témoignages élargis et de décider en conséquence !
  • La plupart des propriétaires d’animaux domestiques sont prêts à dépenser de l’argent pour des soins vétérinaires de haute qualité – donc revendiquez la qualité !

Mes vétérinaires semblaient manifestement surchargés et fatigués à la suite du départ d’au moins de 3 ! médecins sur 7 ! ce qui les catapultait dans un robotisme et a certainement contribué en grande partie à affecter leur jugement et leur capacité à fournir des informations et soins de qualité.

  • Vous avez le droit de demander le dossier médical de votre animal – un dossier professionnel suit une structure professionnelle à laquelle vous reconnaissez déjà la qualité de votre cabinet- petit ou grand !

Le dossier médical que j’ai finalement reçu par mail et contre paiement de € 29,00 ! pour contribution aux frais administratifs, comportait quelques images de radios et 2 lignes manuscrites (oui – à la main et ceci en temps de la digitalisation) par visite entre juin et fin juillet 2022 ! Aucun diagnostic, aucune conclusion, aucun conseil de traitement, …

  • Défendez-vous ! Informez le collège des vétérinaires s’il le faut – votre animal le dessert !

Je leur ai adressé diverses correspondances, sur la plupart, ils ont réagi sans pour autant (sauf erreur de ma part) se prononcer clairement sur la solution à adopter.

Le dossier « rudimentaire » de mon chat a été transmis entre autres et tel quel au collège des vétérinaires et à d’autres institutions vétérinaires pour prise de connaissance et avis sur le fond et la forme des informations …

2. Quelques remarques qui parlent d’elles-mêmes

Quelques jours après la mort d’Eyra, j’ai reçu un rappel pour les vaccins de leucose et la rage pour elle et pour mes 3 autres chats ! A 280,00 € /an pour 4 chats ! et 10 minutes de travail!

Tout en sachant que cette institution a toujours réagi avec empathie lors de la mort d’un animal et que l’information leur était transmise par mes soins – j’attends encore – après 12 mois -une manifestation de sympathie, ….

Mais je viens d’avoir un nouveau rappel de vaccin ; le mois d’août 2022 semblant se répéter également en 2023 !

Je souhaite à cette institution et à tous les vétérinaires pratiquants et démotivés par la situation de pénurie qu’ils puissent retrouver le professionnalisme, la qualité de services, l’amour pour l’animal, et la vocation pour le métier qu’ils exercent. Car les équipements et les spécialisations seuls ne suffisent pas si la confiance et le respect mutuel font défaut. …

Je suis absolument consciente que ce sujet n’est pas résolu par le seul angle de vue des propriétaires ou des praticiens vétérinaires, le système abritant plusieurs acteurs qui doivent inclure les gouvernements et institutions publiques, les associations professionnelles, les universités et institutions de formation continue et /ou spécialisée, …

Cette situation exige une approche coordonnée et un engagement de tous les acteurs impliqués pour trouver des solutions durables – dans le seul but de garantir une prise en charge correcte de nos animaux.

Hesperange, le 01.08.2023

Signé :Colleen Besch

en honneur de mon chat Eyra

et en espérant que sa mort anticipée puisse aider à provoquer des changements